Le miroir du ciel natal
II.
Une surtout, la plus triste des villes grises,
Murmure dans l’absence : « Ah ! mon âme se brise ! »
Murmure avec sa voix d’agonie : « Aimez-moi ! »
Et je réponds : « J’ai peur de l’ombre du beffroi,
J’ai peur de l’ombre encor de la tour sur ma vie
Où le cadran est un soleil qu’on crucifie. »
La voix reprend avec tendresse, avec émoi :
« Revenez-moi ! Aimez mes cloches ! Aimez-moi ! »
Et je réplique : « Non ! les cloches que j’écoute
Sont les gouttes d’un goupillon pour une absoute ! »
La voix s’obstine, encor plus tendre : « Aime mes eaux !
Remets ta bouche à la flûte de mes roseaux ! »
Mais je réponds : « Non ! les roseaux dont l’eau s’encombre
Sont des flûtes de mort où ne chante que l’ombre ! »
Georges Rodenbach.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire