Les poètes Français traduit en Hongrois. Linda et Tebinfea-Francia költök magyarra fordított

Français poètes. Francia költők.

lundi 3 octobre 2011

Chant du désespéré.

Chant du désespéré.


La Parque si terrible

A tous les animaux,

Plus ne me semble horrible,

Car le moindre des maux,

Qui m'ont fait si dolent,

Est bien plus violent.



Comme d'une fontaine

Mes yeux sont dégoutants,

Ma face est d'eau si pleine

Que bientôt je m'attends

Mon cœur tant soucieux

Distiller par les yeux.



De mortelles ténèbres

Lis sont déjà noircis,

Mes plaintes sont funèbres,

Et mes membres transis

Mais je ne puis mourir,

Et si ne puis guérir.



La fortune amiable

est ce pas moins que rien ?

O que tout est muable

En ce val terrien !

Hélas, je le connais

Que rien tel ne craignais.



Langueur me tient en laisse,

Douleur me fuit de près,

Regret point ne me laisse,

Et crainte vient après

Bref, de jour, et de nuit,

Toute chose me nuit.



La verdoyant' campagne,

Le fleuri arbrisseau,

Tombant de la montagne,

Le murmurant ruisseau,

De ces plaisirs jouir

Ne me peut réjouir.



La musique sauvage

Du rossignol au bois

Contriste mon courage,

Et me déplaît la voix

De tous joyeux oiseaux,

Qui sont au bord des eaux.



Le cygne poétique

Lors qu'il est mieux chantant,

Sur la rive aquatique

Va sa mort lamentant.

Las ! tel chant me plaît bien,

Comme semblable au mien.



La voix répercusive

En m'oyant lamenter

De ma plainte excessive

Semble se tourmenter,

Car cela que j'ai dit

Toujours elle redit.



Ainsi la joie et l'aise

Me vient de deuil saisir,

Et n'est qui tant me plaise

Comme le déplaisir.

De la mort en effet

L'espoir vivre me fait.



Dieu tonnant, de ta foudre


Viens ma mort avancer,

Afin que soie en poudre

Premier que de penser

Au plaisir que j'aurai

Quand ma mort je saurai.

Joachim du Bellay.

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