Les poètes Français traduit en Hongrois. Linda et Tebinfea-Francia költök magyarra fordított

Français poètes. Francia költők.

lundi 24 octobre 2011

Ondine.

Ondine.


Je croyais entendre

Une vague harmonie enchanter mon sommeil,

Et près de moi s'épandre un murmure pareil

Aux chants entrecoupés d'une voix triste

et tendre.

C. Brugnot - Les deux Génies.



- « Écoute! - Écoute! - C'est moi, c'est Ondine qui frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores

de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune; et voici, en robe de moire, la dame

châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.

« Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente

vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre

et de l'air.

« Écoute! — Écoute! — Mon père bat l'eau coassante d'une branche d'aulne verte, et mes sœurs

caressent de leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se

moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne. »

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt, pour être l'époux

d'une Ondine, et de visiter avec elle son palais, pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques

larmes, poussa un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de

mes vitraux bleus.



Aloysius Bertrand.

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