Les poètes Français traduit en Hongrois. Linda et Tebinfea-Francia költök magyarra fordított

Français poètes. Francia költők.

samedi 24 septembre 2011

La jolie rousse.

La jolie rousse.

Me voici devant tous un homme plein de sens

Connaissant la vie et de la mort ce qu'un vivant peut connaître

Ayant éprouvé les douleurs et les joies de l'amour

Ayant su quelquefois imposer ses idées

Connaissant plusieurs langages

Ayant pas mal voyagé

Ayant vu la guerre dans l'Artillerie et l'Infanterie

Blessé à la tete trépané sous le chloroforme

Ayant perdu ses meilleurs amis dans l'effroyable lutte

Je sais d'ancien et de nouveau autant qu'un homme seul

pourrait des deux savoir

Et sans m'inquiéter aujourd'hui de cette querre

Entre nous et pour nous mes amis

Je juge cette longue querelle de la tradition et de l'invention

De l'Ordre et de l'Aventure



Vous dont la bouche est faite r l'image de celle de Dieu

Bouche qui est l'ordre même

Soyez indulgents quand vous nous comparez

A ceux qui furent la perfection de l'ordre

Nous qui quêtons partout l'aventure



Nous ne sommes pas vos ennemis

Nous voulons vous donner de vastes et étranges domaines

Ou le mystère en fleurs s'offre r qui veut le cueillir

Il y a des feux nouveaux des couleurs jamais vues

Mille phantasmes impondérables

Auxquels il faut donner de la réalité

Nous voulons explorer la bonté contrée énorme ou tout se tait

Il y a aussi le temps qu'on peut chasser ou faire revenir

Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières

De l'illimité et de l'avenir

Pitié pour nos erreurs pitié pour nos péchés



Voici que vient l'été la saison violente

Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps

O Soleil c'est le temps de la Raison ardente

Et j'attends

Pour la suivre toujours la forme noble et douce

Qu'elle prend afin que je l'aime seulement

Elle vient et m'attire ainsi qu'un fer l'aimant

Elle a l'aspect charmant

D'une adorable rousse



Ses cheveux sont d'or on dirait

Un bel éclair qui durerait

Ou ces flammes qui se pavanent

Dans les rose-thé qui se fanent



Mais riez riez de moi

Hommes de partout surtout gens d'ici

Car il y a tant de choses que je n'ose vous dire

Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire

Ayez pitié de moi


Guillaume Apollinaire

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