Les poètes Français traduit en Hongrois. Linda et Tebinfea-Francia költök magyarra fordított

Français poètes. Francia költők.

lundi 26 septembre 2011

La nuit de Dunkerque.

La nuit de Dunkerque.


La France sous nos pied comme une étoffe usée

S'est petit à petit à nos pas refusée



Dans la mer où les morts se mêlent aux varechs

Les bateaux renversés font des bonnets d'évêque



Bivouac à cent mille au bord du ciel et l'eau

Prolonge dans le ciel la plage de Malo



Il monte dans le soir où des chevaux pourrissent

Comme un piétinement de bêtes migratrices



Le passage à niveaux lève ses bras rayés

Nous retrouvons nos cœurs en nous dépareillés



Cent mille amours battant aux cœurs des Jean sans terre

Vont-ils à tout jamais cent mille fois se taire



O saint Sébastien que la vie a criblés

Que vous me ressemblez que vous me ressemblez



Sur que seuls m'entendront ce qui la faiblesse eurent

De toujours à leur cœur préférer sa blessure



Moi du moins je crierai cet amour que je dis

Dans la nuit on voit mieux les fleurs de l'incendie



Je crierai je crierai dans la ville qui brule

A faire chavirer des toits les somnambules



Je crierai mon amour comme le matin tôt

Le rémouleur passant chantant Couteaux Couteaux



Je crierai je crierai Mes yeux que j'aime où êtes-

Vous où es-tu mon alouette ma mouette



Je crierai je crierai plus fort que les obus

Que ceux qui sont blessés et que ceux qui ont bu



Je crierai je crierai Ta lèvre est le verre où

J'ai bu le long amour ainsi que du vin rouge



Le lierre de tes bras à ce monde me lie

Je ne peux pas mourir Celui qui meurt oublie



Je me souviens des yeux de ceux qui s'embarquèrent

Qui pourrait oublier son amour à Dunkerque



Je ne peux pas dormir à cause des fusées

Qui pourrait oublier l'alcool qui l'a grisé



Les soldats ont creusé des trous grandeur nature

Et semblent essayer l'ombre des sépultures



Visages de cailloux Postures de déments

Leur sommeil a toujours l'air d'un pressentiment



Les parfums du printemps le sable les ignore

Voici mourir le Mai dans les dunes du Nord



Louis Aragon.

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