Les poètes Français traduit en Hongrois. Linda et Tebinfea-Francia költök magyarra fordított

Français poètes. Francia költők.

lundi 24 octobre 2011

Le Marchand de tulipes.

Le Marchand de tulipes.


La tulipe est parmi les fleurs
Le Marchand de tulipes.


La tulipe est parmi les fleurs

ce que le paon est parmi les oiseaux.

L’une est sans parfum, l’autre est sans

voix; l’une s'enorgueillit de sa robe,

l’autre de sa queue.

Le Jardin des fleurs rares et curieuses.



Nul bruit, si ce n'est le froissement de feuillets de vélin sous les doigts du docteur Huylten, qui ne

détachait les yeux de sa bible jonchée de gothiques enluminures que pour admirer l'or et le

pourpre de deux poissons captifs aux humides flancs d'un bocal.

Les battants de la porte roulèrent: c'était un marchand fleuriste qui, le bras chargés de plusieurs

pois de tulipes, s'excusa d'interrompre la lecture d'un aussi savant personnage.

- « Maître, dit-il, voici le trésor des trésors, la merveille des merveilles, un oignon comme il n'en

fleurit jamais qu'un par siècle dans le sérail de l'empereur de Constantinople!

- Une tulipe! s'écria le vieillard courroucé, une tulipe! ce symbole de l'orgueil et de la luxure qui

ont engendré dans la malheureuse cité de Wittemberg la détestable hérésie de Luther et de

Mélanchton! »

Maître Huylten agrafa le fermail de sa bible, rangea ses lunettes dans leur étui, et tira le rideau

de la fenêtre, qui laissa voir au soleil une fleur de la passion avec sa couronne d'épine, son

éponge, son fouet, ses clous et les cinq plaies de Notre-Seigneur.

Le marchand de tulipes s'inclina respectueusement et en silence, déconcerté par un regard

inquisiteur du duc d'Albe dont le portrait, chef-d'œuvre d'Holbein, était appendu à la muraille.



Aloysius Bertrand.
ce que le paon est parmi les oiseaux.

L’une est sans parfum, l’autre est sans

voix; l’une s'enorgueillit de sa robe,

l’autre de sa queue.

Le Jardin des fleurs rares et curieuses.



Nul bruit, si ce n'est le froissement de feuillets de vélin sous les doigts du docteur Huylten, qui ne

détachait les yeux de sa bible jonchée de gothiques enluminures que pour admirer l'or et le

pourpre de deux poissons captifs aux humides flancs d'un bocal.

Les battants de la porte roulèrent: c'était un marchand fleuriste qui, le bras chargés de plusieurs

pois de tulipes, s'excusa d'interrompre la lecture d'un aussi savant personnage.

- « Maître, dit-il, voici le trésor des trésors, la merveille des merveilles, un oignon comme il n'en

fleurit jamais qu'un par siècle dans le sérail de l'empereur de Constantinople!

- Une tulipe! s'écria le vieillard courroucé, une tulipe! ce symbole de l'orgueil et de la luxure qui

ont engendré dans la malheureuse cité de Wittemberg la détestable hérésie de Luther et de

Mélanchton! »

Maître Huylten agrafa le fermail de sa bible, rangea ses lunettes dans leur étui, et tira le rideau

de la fenêtre, qui laissa voir au soleil une fleur de la passion avec sa couronne d'épine, son

éponge, son fouet, ses clous et les cinq plaies de Notre-Seigneur.

Le marchand de tulipes s'inclina respectueusement et en silence, déconcerté par un regard

inquisiteur du duc d'Albe dont le portrait, chef-d'œuvre d'Holbein, était appendu à la muraille.



Aloysius Bertrand.

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