Je meurs de soif .
Je meurs de soif, en cousté la fontaine;
Tremblant de froid au feu des amoureux;
Aveugle suis, et si les autres mène;
Pauvre de sens, entre saichans, l'un d'eux;
Trop négligent, en vain souvent soigneux;
C'est de mon fait une chose faiée,
En bien et mal par fortune menée.
Je gagne temps, et perds mainte semaine;
Je joue et ris, quand me sens douloureux;
Déplaisance j'ai d'esperance pleine;
J'attends bonheur en regret angoisseux;
Rien ne me plaît, et je suis dézireux;
Je m'esjouis, et cource à ma pensée,
En bien et mal par fortune menée.
Je parle trop, et me tais à grand peine;
Je m'esbahis et je suis courageux;
Tristesse tien mon confort en demaine,
Faillir ne puis, au moins à l'un des deulx;
Maladie m'est en santé donnée
En bien et mal par fortune menée.
L’Envoy
Prince, je dis que mon fait malheureux
Et mon profit aussi avantageux
Sur un hasard j'asserrai quelque année,
En bien et mal par fortune menée.
Charles D'Orléans.
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