Hymne dans la nuit.
L’ombre, comme un parfum, s’exhale des montagnes, et le silence est tel que l’on croirait mourir.
On entendrait, ce soir, le rayon d’une étoile remonter en tremblant le courant du zéphyr.
Contemple. Sous ton front que tes yeux soient la source qui charme de reflets ses rives dans sa course...
Sur la terre étoilée surprends le ciel, écoute le chant bleu des étoiles en la rosée des mousses.
Respire, et rends à l’air, fleur de l’air, ton haleine, et que ton souffle chaud fasse embaumer des fleurs,
respire pieusement en regardant le ciel, et que ton souffle humide étoile encor les herbes.
Laisse nager le ciel entier dans tes yeux sombres, et mêle ton silence à l'ombre de la terre :
si ta vie ne fait pas une ombre sur son ombre, tes yeux et ta rosée sont les miroirs des sphères.
Sens ton âme monter sur sa tige éternelle : l’émotion divine, et parvenir aux cieux, suis des yeux
ton étoile, ou ton âme éternelle, entrouvrant sa corolle et parfumant les cieux.
À l’espalier des nuits aux branches invisibles, vois briller ces fleurs d’or, espoir de notre vie,
vois scintiller sur nous, – scels d’or des vies futures, – nos étoiles visibles aux arbres de la nuit.
Écoute ton regard se mêler aux étoiles, leurs reflets se heurter doucement dans tes yeux, et mêlant
ton regard aux fleurs de ton haleine, laisse éclore à tes yeux des étoiles nouvelles.
Contemple, sois ta chose, laisse penser tes sens, éprends-toi de toi-même épars dans cette vie.
Laisse ordonner le ciel à tes yeux, sans comprendre, et crée de ton silence la musique des nuits.
Paul Fort.
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