Vanité de la science humaine.
Qui se connaît soi-même en a l’âme peu vaine :
Sa propre connaissance en met bien bas le prix ;
Et tout le faux éclat de la science humaine
N’est pour lui que l’objet d’un généreux mépris.
Au grand jour du Seigneur, sera-ce un grand refuge
D’avoir connu de tout et la cause et l’effet ?
Et ce qu’on aura su fléchira-t-il un juge
Qui ne regardera que ce qu’on aura fait ?
Borne tous tes désirs à ce qu’il te faut faire ;
Ne les porte point trop vers l’amas du savoir ;
Les soins de l’acquérir ne font que te distraire,
Et quand tu l’as acquis il peut te décevoir.
Car enfin plus tu sais, et plus a de lumière
Le jour qui se répand sur ton entendement ;
Plus tu seras coupable à ton heure dernière,
Si tu n’en as vécu d’autant plus saintement.
La vanité par là ne te doit point surprendre ;
Le savoir t’est donné pour guide à moins faillir ;
Il te donne lui-même un plus grand compte à rendre,
Et plus lieu de trembler que de t’enorgueillir.
Corneille Pierre.
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