Les poètes Français traduit en Hongrois. Linda et Tebinfea-Francia költök magyarra fordított

Français poètes. Francia költők.

jeudi 15 mars 2012

Établissement d’une communauté au Brésil.

Établissement d’une communauté au Brésil.


On fut reçu par la fougère et l’ananas

L’antilope craintif sous l’ipécacuanha.

Le moine enlumineur quitta son aquarelle

Et le vaisseau n’avait pas replié son aile

Que cent abris légers fleurissaient la forêt.

Les nonnes labouraient. L’une d’elles pleurait

Trouvant dans une lettre un sujet de chagrin.

Un moine intempérant s’enivrait de raisin

Et l’on priait pour le pardon de ce péché.

On cueillait des poisons à la cime des branches

Et les moines vanniers tressaient des urnes blanches.

Un forçat évadé qui vivait de la chasse

Fut guéri de ses plaies et touché de la grâce :

Devenu saint, de tous les autres adoré,

Il obligeait les fauves à leur lécher les pieds.

Et les oiseaux du ciel, les bêtes de la terre

Leur apportaient à tous les objets nécessaires.

Un jour on eut un orgue au creux des murs crépis

Des troupeaux de moutons qui mordaient les épis.

Un moine est bourrelier, l’autre est distillateur ;

Le dimanche après vêpre on herborise en chœur.


Saluez le manguier et bénissez la mangue

La flute du crapaud vous parle dans sa langue

Les autels sont parés de fleurs vraiment étranges

Leurs parfums attiraient le sourire des anges,

Des Sylphes, des esprits blottis dans la forêt

Autour des murs carrés de la communauté.

Or voici qu’un matin quand l’Aurore saignante

Fit la nuée plus pure et plus fraîche la plante

La forêt où la vigne au cèdre s’unissait,

Parut avoir la teigne. Un nègre paraissait

Puis deux, puis cent, puis mille et l’herbe en était teinte

Et le Saint qui pouvait dompter les animaux

Ne put rien sur ces gens qui furent ses bourreaux.

La tête du couvent roula dans l’herbe verte

Et des moines détruits la place fut déserte

Sans que rien dans l’azur ne frémît de la mort.


C’est ainsi que vêtu d’innocence et d’amour

J’avançais en traçant mon travail chaque jour

Priant Dieu et croyant à la beauté des choses

Mais le rire cruel, les soucis qu’on m’impose

L’argent et l’opinion, la bêtise d’autrui

On fait de moi le dur bourgeois qui signe ici.

Max Jacob.

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