Les poètes Français traduit en Hongrois. Linda et Tebinfea-Francia költök magyarra fordított

Français poètes. Francia költők.

mardi 3 septembre 2013

La nuit! la nuit! la nuit!




La nuit! la nuit! la nuit!

La nuit! la nuit! la nuit! Et voilà que commence
Le noir de profundis de l’océan immense.
Le marin tremble, aux flots livré;
Miserere, dit l’homme; et, dans le ciel qui gronde,
L’air dit: miserere! Miserere, dit l’onde;
Miserere! miserere!

Le dolmen, dont l’ortie ensevelit les tables,
Pousse un soupir; les morts se dressent lamentables;
Gémissent-ils? Ecoutent-ils?
La jusquiame affreuse entr’ouvre ses corolles;
La mandragore laisse échapper des paroles
De ses mystérieux pistils.

Qu’a-t-on fait à la ronce et qu’a-t-on fait à l’arbre?
Qu’ont-ils donc à pleurer? Pour qui l’antre de marbre
Verse-t-il ces larmes d’adieux?
Sont-ce les noirs Caïns d’une faute première?
Deuil! ils ont la souffrance et n’ont pas la lumière!
Ils ont des pleurs et n’ont pas d’yeux!

Le navire se plaint comme un homme qui souffre,
Le tuyau grince et fume, et le flot qui s’engouffre
Blanchit les tambours du steamer,
Le crabe, le dragon, l’orphe aux larges ouïes,
Nagent dans l’ombre où rampe en formes inouïes
La vie horrible de la mer.

Le hallier crie; il semble, à travers l’âpre bise,
Qu’on entende hurler Nemrod, Sylla, Cambyse,
Rongés du ver et du corbeau,
Et sortir, dans l’orage et la brume et la haine,
Des froids caveaux où sont les damnés à la chaîne,
Les rugissements du tombeau.

Est-il quelqu’un qui cherche? est-il quelqu’un qui rêve?
Est-il quelqu’un qui marche à l’heure où sur la grève
Rôdent le spectre et l’assassin,
Et qui sache, ô vivants! pourquoi sanglote et râle
La forêt, monstrueuse et fauve cathédrale,
Où le vent sonne le tocsin?

On entend vous parler à l’oreille des bouches;
On voit dans les clartés des branchages farouches
Où passent de mornes convois;
Le vent, bouleversant l’arbre aux cimes altières,
Emplit de tourbillons les blêmes cimetières;
Quelle est donc cette étrange voix?

Quel est ce psaume énorme et que rien ne fait taire?
Et qui donc chante, avec les souffles de la terre,
Avec le murmure des cieux,
Avec le tremblement de la vague superbe,
Les joncs, les eaux, tes bois, le sifflement de l’herbe,
Le requiem mystérieux?

O sépulcres! j’entends l’orgue effrayant de l’ombre,
Formé de tous les cris de la nature sombre
Et du bruit de tous les écueils;
La mort est au clavier qui frémit dans les branches,
Et les touches, tantôt noires et tantôt blanches,
Sont vos pierres et vos cercueils.

Victor Hugo.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Olá meu querido amigo Teb, muito obrigado pela sua visita e seu comentário, ótima quarta-feira com paz e saúde. Abraços Valter.